Comment traiter les matériaux contenant des CFC

Plus de 200 professionnels du secteur de la démolition se sont récemment réunis à Belgrade, en Serbie, pour le congrès annuel de l'EDA.

Alors que l'événement a débuté par une journée d'ateliers, les présentations d'experts le deuxième jour du congrès ont permis aux participants d'acquérir une mine de connaissances.

Parmi les interventions les plus importantes, on retiendra celle de Marianne Hedberg Miljobygge, consultante environnementale experte et biogéoscientifique, qui a apporté un éclairage précieux sur la manipulation et le traitement des substances dangereuses.

Gestion des déchets dangereux : isolants et CFC

Marianne a expliqué et discuté de l'impact direct — mais souvent négligé — de l'isolation sur la couche d'ozone terrestre.

Marianne Hedberg Miljobygge, consultante en environnement et biogéoscientifique, s'exprime lors du congrès annuel de l'EDA à Belgrade, en Serbie. (PHOTO : EDA)

Marianne a fait référence au Protocole de Montréal de 1989 relatif aux substances appauvrissant la couche d'ozone et à sa mise à jour de 2016, qui interdit la production et l'utilisation des chlorofluorocarbones (CFC) et des hydrofluorocarbones (HFC) ainsi que d'autres produits chimiques de synthèse (gaz à effet de serre) utilisés dans les réfrigérants, les mousses isolantes et la climatisation.

Lorsque des composés CFC sont libérés dans l'atmosphère, ils remontent jusqu'à la stratosphère terrestre et commencent à réagir avec l'ozone.

L'ozone (O3) est un gaz très réactif composé de trois atomes d'oxygène, qui protège la Terre du rayonnement ultraviolet spatial. Lorsque les CFC et les HFC se mélangent à l'ozone, ils le décomposent en dioxygène (O2), lequel ne filtre plus le rayonnement ultraviolet spatial.

« Mais les CFC ne sont qu’un catalyseur », a déclaré Marianne. « Ils participent à la réaction, à la dissociation de l’O3 en O2, puis passent à la réaction suivante. Et à la suivante, et ainsi de suite. »

« Voilà pourquoi les CFC sont si nocifs. Ce composé finira par se décomposer, mais pas rapidement. En fait, pas avant 100 ans », a-t-elle déclaré.

« Donc, quels que soient les CFC produits dans les années 1970, ils sont toujours là, réagissant avec notre couche d'ozone. »

Comment les entreprises de démolition doivent gérer l'isolation

Alors, qu'est-ce que cela signifie pour les entreprises de démolition, de démantèlement et de décontamination lorsqu'il s'agit d'isolation ?

Marianne a expliqué que « à l’époque où chaque pièce d’isolant était fabriquée, on prenait le matériau – du polyuréthane, par exemple – et on le gonflait avec un gaz CFC.

« Et quel que soit le gaz CFC utilisé, il reste encore aujourd'hui dans les pores du matériau, même s'il a été produit dans les années 1970 ou avant. »

« Vous voyez donc que nous avons un problème avec cet isolant, car il est encore présent dans de nombreuses structures à travers le monde. Pour prendre soin de ces matériaux, nous avons besoin de connaissances spécifiques. »

Marianne a ajouté que lorsque des matériaux contenant de l'isolant, tels que des tuyaux isolés, des panneaux sandwich et des produits de réfrigération, sont coupés, déchirés ou écrasés sur les chantiers lors des opérations de démolition et de tri, ces CFC sont libérés dans l'atmosphère.

Elle a déclaré : « Il pourrait être tentant de prendre de l'isolant en mousse recouvert de métal, des panneaux sandwich et d'autres articles et de les envoyer à un ferrailleur, et d'en tirer quelque chose [d'argent]. »

« Mais ensuite, le matériau est écrasé à l'air libre. Et qu'advient-il du gaz contenu dans l'isolant et les mousses ? Il monte dans la stratosphère et détruit la couche d'ozone. »

Pour éviter cela, Marianne a déclaré que les entreprises de démolition doivent rechercher et utiliser les services de recycleurs spécialisés qui possèdent l'équipement et les permis appropriés pour séparer en toute sécurité les matériaux recyclables des matériaux d'isolation, avant leur incinération.

(PHOTO : EDA)

« C’est là que la réglementation peut paraître un peu coûteuse, car les machines qui gèrent l’isolation doivent être enfermées dans un espace étanche à l’air. »

« Il faut ensuite réduire la pression dans cet espace pour éviter les explosions et les incendies, et après cela, le matériau peut être broyé. »

« Les matériaux solides et réutilisables sont ensuite triés et recyclés – un pourcentage très élevé peut être récupéré. Quant aux gaz dangereux, ils sont condensés à l’état liquide puis envoyés à la destruction. »

« Il faut l’incinérer à 1 200 degrés Celsius ou plus », expliqua Marianne, « sinon il ne fera que passer le processus. »

« Si vous confiez vos déchets d’isolation à un simple recycleur ou à une entreprise de gestion des déchets, la température d’incinération utilisée ne dépasse généralement pas 850 degrés Celsius, ce qui est insuffisant pour détruire cette substance dangereuse. »

« C’est pourquoi nous avons besoin que les entrepreneurs utilisent des installations appropriées capables de traiter ces matériaux. Ces installations doivent posséder les permis nécessaires pour pouvoir le faire. »

Selon Marianne, la Suède compte actuellement deux entreprises spécialisées dans la gestion des déchets qui possèdent l'équipement et les permis nécessaires pour effectuer ce travail.

L’Agence européenne pour l’environnement estime que seulement 10 % des matériaux d’isolation contenant des CFC et des HFC sont traités correctement.